Election du nouveau Secrétaire Général des Nations Unies : Qui succédera à Ban Ki-Moon ?
Le diplomate sud-coréen Ban Ki-moon quittera ses fonctions de Secrétaire général des Nations Unies le 31 décembre 2016. Si l’ancien Haut-Commissaire des Nations Unies Antonio Guterres fait la course en tête pour accéder à ce poste prestigieux, d’autres personnalités issues de l’Europe de l’est pourraient bien créer la surprise alors même que le processus de sélection fait preuve d’une réelle opacité.
Le processus d’élection du Secrétaire Général de l’ONU : vers une plus grande transparence?
Il y a tout juste un an, la plus grande institution internationale fêtait ses 70 ans d’existence. Cette année, elle renouvelle son Secrétaire Général. Pour ce faire, il revient à l’Assemblée Générale d’officialiser un choix au préalable discuté au sein du Conseil de Sécurité. Ce dernier a coutume de ne retenir qu’un candidat lors de négociations à huit clos et à l’issue desquelles les membres permanents du Conseil peuvent user de leur droit de veto. Par le biais de son Président, une recommandation est ensuite faite à son homologue de l’Assemblée Générale qui en informe les Etats membres avant que la décision soit prise au sein de cette assemblée. Il semble dès lors difficile d’y voir très clair dans ce processus de décision tant les tractations diplomatiques restent le maître-mot de ces élections dont le résultat final dépend en grande partie du Conseil de Sécurité.
Pourtant, et pour la première fois, cette élection présente les signes d’une plus grande transparence. Procédure inédite dans l’histoire des Nations-Unies, chaque candidat a pu participer en avril dernier à des débats informels au sein de l’Assemblée Générale. Cette initiative a été réitérée en juillet, cette fois-ci en présence des médias officiels de l’ONU (« UN web TV »). Cette évolution est notable même s’il sera difficile d’évaluer le degré d’influence que ces débats peuvent avoir sur la tenue des négociations au sein du Conseil de Sécurité. Fait notable, contrairement à la précédente élection en 2007 où une seule femme était candidate, cinq sont encore présentes dans la liste des candidats susceptibles d’être élus[1].
Le Portugais António Gutteres en tête même si l’Europe de l’Est s’invite à la fête
Le Portugais Antonio Gutteres est actuellement le candidat le plus probable pour prendre la succession de Ban Ki-Moon. Ce dernier est en effet sorti en tête des quatre différents scrutins qui ont eu lieu entre juillet et septembre. A son actif, un poste de Haut-commissaire des Nations-Unies qu’il a occupé de 2005 à 2015, et la gestion d’une crise migratoire sans précédent sur le sol européen depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Malgré tout, la coutume voudrait que le prochain Secrétaire général soit issu de l’Europe de l’est, seule région à n’avoir jamais eu de personnalité à ce poste. A l’issue du quatrième scrutin, le ministre des Affaires étrangères slovaque Miroslav Lajčák s’est hissé de façon surprenante en seconde position, talonné par l’ancien ministre des Affaires étrangères serbe Vuk Jeremić. Toutefois, le Kosovo ne voit pas d’un bon œil la candidature de ce dernier, qualifié « d’anti-albanais » par des manifestants qui se sont réunis fin août à Pristina, la capitale kosovare. L’ancien Ministre des Affaires étrangères macédonien Srgjan Kerim occupe quant à lui provisoirement la quatrième place.
Un temps annoncé comme favorite à la succession de Ban Ki-Moon, la Directrice de l’UNESCO d’origine bulgare Irina Bokova semble depuis avoir perdu du terrain. De plus, les discussions en marge du Sommet du G20 qui s’est tenu les 4 et 5 septembre à Hangzhou révèlent de vives tensions notamment entre la Russie et l’Allemagne. Angela Merkel aurait en effet tenté d’obtenir l’aval de Vladimir Poutine pour soutenir une éventuelle candidature de Kristalina Georgieva, vice-présidente de la Commission européenne, en lieu et place de sa compatriote Irina Bokova.
Le nom du nouveau Secrétaire général des Nations Unies sera connu d’ici la fin de l’année, lorsque les tractations auront permis d’accoucher d’un consensus au sein du Conseil de sécurité. Si le résultat final demeure incertain du fait de multiples revirements possibles, une plus grande transparence dans le processus de sélection est à louer. Le prochain vote du Conseil de sécurité aura lieu le 26 septembre.
[1] Six femmes étaient présentes au départ, avant le retrait de la candidate croate Vesna Pusic.